Sophie Perez en résidence

Sophie Perez, directrice de la Compagnie du Zerep a réalisé en automne 2021 une résidence à La Villette pour son spectacle La Meringue du souterrain, qui sera joué en juin 2022 à La Villette. 

Pouvez-vous nous parler d’un de vos chocs artistiques ?

Le film de Tod Browning, Freaks, est sans aucun doute l’un de mes chocs esthétiques et émotionnels le plus fort. Ce chef d’œuvre maudit est un parangon en même temps d’humanité et de terreur absolues.
Entre la suspicion et la vengeance, l’amour impossible et la candeur enfantine, la douceur et la sauvagerie de la tribu, les vrais acteurs et les vrais phénomènes de foire , Freaks brasse les thématiques chères au Zerep. D’ailleurs son titre français « La monstrueuse parade » pourrait être le sous-titre de tous mes spectacles.

Si vous deviez citer un artiste qui vous a particulièrement inspiré, qui serait-ce, et pourquoi ?

Witold Gombrowicz, il dit : « Je voulais être moi-même ; pas un artiste, ni une idée, ni mes propres œuvres, —rien que moi— au-dessus de l’art, de l’œuvre, du style, de l’idée. »
Romans, pièces de théâtre, contes, essais critiques et journal, tout dans l’œuvre sans concessions de Witold Gombrowicz convoque le problème de la forme dans l’art et de la matière psychique comme fil rouge. Il dit aussi: « J’ai écrit des sottises, mais je n’avais signé aucun engagement de produire uniquement des ouvrages sages et parfaits. »

Pouvez-vous nous parler d’un lieu, d’un endroit où vous avez vécu une expérience créatrice particulière ?

Un de nos spectacles les plus obscurs, amphigouriques et néanmoins particulièrement poilants, « Le coup du cric andalou », a été acheté par des aristocrates millionnaires pour leur fête de mariage.
Cette pièce qui brassait le thème du cabaret dans ses recoins les plus prosaïques et les plus mortifères, était loin d’être juste un spectacle divertissant. La représentation dans une bonbonnière 19ème , suivie de la réception dans leur château médiéval a été c’est sûr, la date de la compagnie la plus énigmatique et la plus exotique. Le parterre de spectateurs : les hommes en queue de pie et haut de forme et les femmes apprêtées et chapeautées façon prix de Diane, inversaient totalement le rapport scène /salle. La mise en abîme était extraordinaire, entre Lynch et Buńuel.

Dans la culture pop (émission radio, télé, BD, livres…), quelle est votre madeleine de Proust ?

Le fameux concert de Nina Simone à Montreux.