Le Collectif Travaux publics mobilise les outils du théâtre documentaire pour imaginer un spectacle où se déploie la parole des travailleurs sociaux et des artistes-chercheurs. La parole, les expériences et les histoires circulent et nourrissent une forme composite, autour d’une question : « Comment agir ensemble ? ».
Comment et pourquoi est né le Collectif Travaux publics ?
En 2020, l’association Wagons libres créée par Sandra Iché devient Travaux publics, un collectif qui associe chercheuses, chercheurs et artistes. Travaux publics s’attache, avec les outils de la création artistique, de l’éducation populaire, des sciences sociales et de la recherche participative,à encourager une appropriation critique du monde social. Le collectif est actuellement composé de Virginie Colemyn (actrice), Sandra Iché (metteuse en scène), Marjorie Glas (sociologue), Lénaïg Le Touze (comédienne et dessinatrice) et Candice Raymond (historienne).
Vous explorez la question du « Comment agir ensemble ? » : pour vous, le théâtre doit-il être politique ou ne pas être ?
Cette création participative intitulée Le social brû(il)le a consisté à accompagner un groupe d’une quinzaine de spectatrices et spectateurs de la MC93 qui souhaitaient se réapproprier la commande artistique publique : réfléchir ensemble à ce qu’ils aimeraient voir, dans une perspective de « culture publique », sur un plateau de théâtre. Ils ont débattu pendant plus d’un an jusqu’à aboutir à cette commande qui a pris la forme d’une question : « Comment agir ensemble ? ». À cette question, nous avons choisi de répondre en invitant les « travailleuses et travailleurs sociaux », maillons essentiels et pourtant régulièrement fragilisés par les réformes gouvernementales. Ce qui nous importe, au-delà de la question d’un théâtre étiqueté « politique », c’est que notre travail éclaire une situation, et qu’il contribue à réduire une forme d’impuissance. Nous essayons de faire de la pratique même du théâtre un outil concret, depuis lequel faire alliance, entre artistes, chercheurs, acteurs sociaux, citoyens, pour nous ressaisir de nos vies et des façons dont nous avons envie de les construire et de les imaginer.
Le social brû(il)le donne à entendre un matériau rendu possible par la rencontre du collectif avec des travailleurs sociaux, racontez-nous.
Nous avons dans un premier temps rencontré des travailleurs sociaux de la Seine-Saint-Denis, déjà engagés avec les « publics » qu’ils accompagnent dans des actions de médiation culturelle avec la MC93. Puis nous avons mis en place des ateliers de recherche et de création participative. Ils ont servi de catalyseur, ont été des occasions d’élaborer collectivement une pensée réflexive et analytique sur leurs pratiques. Il y avait une demande de leur part de rendre visible leur travail par le théâtre. Le choix d’habiter le plateau avec les travailleurs sociaux a été présent dès le début. Ou plutôt l’idée que le passage au plateau devait se faire dans la continuité du travail en ateliers. Le plateau est pensé comme le lieu où se poursuit notre enquête collective.