Le groupe montreuillois Gongle (composé d'artistes, sportives, sportifs et chercheurs) était en résidence deux semaines, à l'Espace Périphérique, dans le cadre de "2//" (DEUX BARRES), un compte-rendu d'enquête sur la façon dont le travail impacte nos corps. Pour l'occasion, Nil Dinç, Justine Bernachon et Ibrahima Baldé (interprètes) ont exploré et appréhendé l'Espace Périphérique, le Jardin des voltiges accompagné de public, tout dans la musique, la danse et la joie.
Interview Nil Dinç - Metteuse en scène
Pouvez-vous nous parler d’un de vos chocs artistiques ?
Aaaahhh trop difficile de choisir ! Mais en lien avec 2//(DEUX BARRES), notre compte-rendu d’enquête sur l’inscription du travail dans le corps, je pense au film de Sophie Bruneau « Rêver sous le capitalisme » où douze personnes racontent puis interprètent le souvenir d’un rêve de travail. Leurs récits sont montés sur des plans de lieux de travail, principalement des bureaux. Le film est d’une incroyable sobriété, il fait preuve d’une distance très juste avec les récits, pour rendre audible la violence avec laquelle les souffrances au travail s’insinuent dans tous les pans de notre existence. Je trouve vraiment classe la façon dont elle fait face à cette réalité, sa posture m’a aidé à construire le spectacle.
Si vous deviez citer un artiste qui vous a particulièrement inspiré, qui serait-ce, et pourquoi ?
Mais non pas « un » mais « des » !!! Mais allez une, là, je pense à Nastassja Martin qui a écrit Croire aux fauves. Anthropologue, elle raconte dans son livre sa rencontre avec un ours et toutes les transformations qui en découlent. Son livre me plait car il rend tout à fait tangible la façon dont le savoir et le corps sont liés, il raconte aussi comment la rencontre transforme. Et c’est ma came la rencontre, c’est le cœur du travail de GONGLE. Comment opérer des transformations sociales en créant des liens entre des milieux qui ne se connaissent pas ? Comment ces rencontres transforment aussi nos façons de faire du théâtre ?
Pouvez-vous nous parler d’un lieu, d’un endroit où vous avez vécu une expérience créatrice particulière ?
Aujourd’hui sans hésiter je réponds SPEAP, le master d’expérimentation en art et politique de Sciences ¨Po Paris, monté par Bruno Latour. J’y ai été élève, c’est un lieu où l’on expérimente les croisements entre art et recherche pour analyser des enjeux de société mais aussi enrichir le processus de prise de décision politique. J’y ai rencontré pleins de mes collaborateurs actuels, c’est un endroit où l’on pense les contextes et les effets de nos pratiques dans au sein de l’antropocène.
Dans la culture pop (émission radio, télé, BD, livres…), quelle est votre madeleine de Proust ?
La BD Saison brune de Squarzoni, bombe atomique pure ! Sept ans d’enquête sur le réchauffement climatique à la ligne claire + des bastons de super héros !!!!