MON GRAND L'OMBRE /
SOPHIE LALOY

Ici tout se raconte du point de vue de l’enfant, avec délicatesse, comme un souvenir qui remonterait de loin. Lentement, Fuega la phacochère traverse les paysages, tantôt une odeur, un son ou une couleur l’attirent, et la voici qui poursuit sa route. Il n’y a pas d’humains dans ce monde-là, seulement Fuega qui affronte les éléments au gré de ses découvertes gourmandes. Tour à tour sous forme dessinée ou marionnettique, la phacochère a le don d’ubiquité, elle navigue du chaud au froid et du feu à l’eau. Les sons nous englobent, les odeurs nous réveillent, l’histoire se déploie par bribes, parfois avec hésitation, mais toujours du côté du rêve. Inspiré de l’art du kamishibaï japonais, le spectacle de Sophie Laloy se raconte à la frontière entre peinture, cinéma et théâtre d’objets. Grâce à un dispositif ingénieux, les scènes peintes s’animent ; notre perception se transforme, et le fantastique opère. À cela s’ajoute la musique qui vient texturer l’espace du conte, les sons naturels se confondant alors avec les instruments.